L’affaire de viols répétitifs présumés opposant la sulfureuse masseuse Adji Sarr à l’opposant Ousmane Sonko, a remis sur la sellette la manie de certains concitoyens à faire usage de leurs téléphones portables pour enregistrer ou filmer des personnalités avant de divulguer les éléments sonores ou visuels sur les réseaux sociaux, cet autre fléau des temps modernes. Ces sulfureuses affaires ont tenu en haleine l’opinion publique et créé des secousses telluriques dans l’Establishment, rapporte Le Témoin.
Sonko vs Adji Sarr, les vedettes, mais avant…
Alors que l’instruction de cette affaire de mœurs est en cours, des audios fuitées de la masseuse, impliquant certaines personnalités de la République, sont devenues virales sur ces mêmes réseaux. Dans l’un des enregistrements sonores, on entend la masseuse en conversation privée avec Mamour Diallo, ancien directeur des Domaines, lui-même en contentieux judiciaire avec Ousmane Sonko. Bien évidemment, ces échanges ont alimenté les discussions dans les salons et nourri des fantasmes. Les avocats de Ousmane Sonko, qui voient à travers cette audio fuitée une brèche, travaillent pour étayer davantage la thèse du complot qu’ils n’ont cessé de dénoncer. Mais, avant Adji Sarr, des scandales ayant trait à des enregistrements concernant des célébrités avaient déjà secoué la République et un regard dans le rétroviseur, dans un contexte de terreur généralisée, ne serait pas dépourvu d’intérêt.
« Lui et Moi » : Quand Idrissa Seck ouvrait la Boîte de Pandore
Limogé de la Primature et empêtré dans l’affaire dite des chantiers de Thiès, la capitale du Rail, qui devait abriter les festivités de la célébration de l’indépendance du Sénégal en 2004, Idrissa Seck sort de son silence en distribuant un enregistrement sonore à plusieurs radios privées de la place. Objectif : démentir catégoriquement les accusations de malversations portées contre lui. Dans la foulée, il lâche quelques bombes sur certains de ses échanges avec le Président Wade au lendemain de la survenue de l’alternance et leurs premiers pas, ensemble, sous les lambris du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor.
« Chers compatriotes, chers citoyens du monde amis de notre cher Sénégal, en mars 2000, l’alternance survient, portée par une immense espérance. Celle du Sopi. Exigeant plus de démocratie, plus de transparence et d’équité, plus de justice, plus d’opportunités pour chacune et chacun des fils du Sénégal d’accéder au Savoir, à l’Avoir et au Pouvoir. Plus de rayonnement international pour notre pays et ses citoyens. Le président de la République, dont j’étais le directeur de campagne, fait sa passation avec Diouf. Je fais la mienne avec le ministre d’Etat, Ousmane Tanor Dieng. Il me parle longuement de sa délicate position de ministre d’Etat. Je le trouve sincère et, peut-être, soulagé de quitter les lieux. Il me tend ensuite une arme, les clefs d’un coffre vide et des chéquiers à la signature du Président. « Ce que je te remets-là fera l’objet d’énormes convoitises, c’est le nerf de la guerre.
C’est aussi une grande source d’ennuis. Je te souhaite bonne chance.» Je le raccompagne. Arrive ensuite mon premier entretien avec le chef de l’Etat, nouvellement installé. Je me souviens alors d’une anecdote au sujet de Mitterrand. Son meilleur ami vient le voir après son installation à l’Elysée : Alors François, on va pouvoir continuer à se tutoyer, j’espère ? Réponse de celui-ci : Si vous voulez. J’entreprends alors le test. J’entre dans le bureau du Président, il est avec Viviane, son épouse. Celle qui m’a entouré de tant d’affections, a passé tant d’heures à compléter ma culture artistique, à décorer ma maison, à parcourir les antiquaires pour m’acheter des objets d’art, à dessiner des meubles pour moi et à me confier tant de confidences.
Moi : Bonjour Viviane, bonjour Me. Lui : Ah Mara, comment vas-tu ? Entre. Viviane, laisse-nous un peu. Moi : elle peut rester, Me. Lui : Non, nous parlons de quelques questions d’Etat. Nous les rejoindrons après. Viviane sort alors par l’autre porte qui mène aux appartements. Lui : Tanor t’a dit ? Moi : Quoi ? Lui : Diouf m’a parlé des fonds politiques et d’autres ressources. Nous en parlerons plus tard. Mais nos soucis d’argent sont terminés. J’ai pu en mesurer la véracité au contact de quelques princes et rois avant que le Président ne décide que Karim Wade me remplace auprès d’eux. Moi : Tanor m’a remis les clefs d’un coffre, vide, les chéquiers dont tu as la signature et d’une arme. (Je les lui tends) Lui : C’est pour toi non ? Moi : Non ! C’est pour celui à qui tu auras confié la gestion. Lui : Allons donc ! A qui d’autre que toi ? Moi : Merci pour ta confiance. Moi : Tanor m’a également parlé d’un gendarme nommé Huchard. Il serait très discret.
Il serait là sous Collin, sous lui-même, malgré qu’il serait très longtemps à la retraite. On lui a toujours prolongé son contrat. C’est lui qui est chargé d’aller au Trésor, retirer les chèques que le président de la République signe. Lui : Tu le connais ? Moi : Non ! Tanor vient juste de m’en parler. Lui : Vérifie et garde-le si tu veux. Puis nous abordons d’autres questions. Je comparerai plus tard les investissements des chantiers de Thiès à l’argent de poche du Président, chèque par chèque. (…) Allons voir les autres. Au moment de quitter la pièce, il me retient, referme la porte et me raconte une anecdote. Lui : Tu sais que les grands bandits ont un code d’honneur. Ils y tiennent toujours. Ils ne se battent qu’au moment du partage du butin. Jamais avant».
Avec ces fameux audios marquant la saison 1 de Lui et Moi, l’ancien Premier ministre, qui dévoile ainsi des secrets d’Etat, ouvre la boite de Pandore des enregistrements compromettants destinés à exercer des chantages ! »
Affaire Diombass Diaw ou le cynisme de filmer nu un rival politique
Le 10 septembre 2012, la dame Khadija Mbaye, reconnue plus tard coupable d’outrage aux bonnes mœurs et ses complices Abdou Salam Sarr, Pape Djiby Gaye et Ramdane Dia sont condamnés par la Cour d’appel de Dakar à six mois assortis de sursis et 20 millions de dommages et intérêts dans l’affaire opposant Diombass Diaw à Oumar Sarr. Le sieur Abdou Aziz Diop, directeur de cabinet d’Oumar Sarr, alors ministre de l’Habitat, est quant à lui relaxé. Il siège aujourd’hui à l’Assemblée nationale en tant que député. Pour des questions de rivalités politiques, les exécutants des basses œuvres du ministre Oumar Sarr et maire de Dagana, avaient instruit la dame Khadija Mbaye, une mère de famille divorcée, de filmer Diombass Diaw, cadre de la Senelec, dans une chambre d’hôtel qui abritait leurs galipettes. Ce contre la somme de 5 millions de FCFA, un passeport diplomatique et une villa afin qu’il arrête d’attaquer leur mentor. Sa mission accomplie, Khadija Mbaye reçoit la somme de… 400.000 francs CFA de ses commanditaires. Détruit, humilié, Diombass Diaw ne nie rien. « Je suis un homme, un être humain. J’ai été piégé, car j’ai été filmé nu. C’est un accident et je me dis que c’est mon destin. Donc, je l’assume », a-t-il déclaré au lendemain du procès qui a tenu en haleine l’opinion publique nationale.
Chantage sexuel à Thiès
Cette autre affaire intervenue dans la cité du Rail après celle des chantiers de Thiès implique le manager du site «thiesexpress.com», Mouhamadou Badji, qui entretenait une relation intime avec une dame, L. T, mariée à un émigré et agent au tribunal régional qu’il a filmée en train de lui tailler une pipe ou de lui faire une fellation selon le lexique du Kama sutra. Mouhamadou Badji, largué par son amante au profit d’un greffier, partage, en guise de représailles, les images obscènes avec 13 personnes dont des confrères de L’Observateur, L’As et Thièsinfo.com. L’affaire instruite par la Division des investigations criminelles (DIC) a été jugée plus tard par le tribunal régional de Dakar.
La bande dévergondée de filles mineures
En 2008, une affaire de viol de mineures défraie la chronique. Elle met en scène une bande de filles à peine sorties de la puberté qui draguent, flirtent, et filment des personnalités afin de les faire chanter plus tard. Wissam Kassab, Bassirou Fall, Amadou Danga Sabaly et Ismaël Fall alias Mathiou ont été envoyés en prison, en première instance, avant d’être blanchis le 8 janvier 2010 par la Cour suprême de Dakar dans ce dossier les opposant aux filles O. K. Mb et M. D dite Makéba. Avocat de la défense, Me Pape Jean Sèye avait déclaré ceci au procès : « Cette bande de filles est une bande bien organisée. Elles utilisent leur minorité pour coucher avec certaines personnes et exercer des chantages en révélant leur véritable âge. A partir de cet instant, tu leur donnes de l’argent pour acheter leur silence. Sinon elles portent plainte pour viol. Un magazine avait fait une grande enquête sur cette bande de jeunes filles dont la cheftaine était Ndèye Wébé Thiam. Elles avaient tenté le coup avec Me El Hadj Diouf et Alioune Tine. Leurs cibles sont constituées de personnalités dont elles font tout pour avoir leurs numéros de téléphones portables » avait soutenu la robe noire.
Diop Iseg dans le tourbillon de l’ex-héroïne de Sen Petit Gallé
Mars 2020. Le propriétaire de l’Institut supérieur d’entrepreneurship et de gestion (ISEG), Mamadou Diop, plus connu sous le sobriquet de «Diop Iseg», est mis au-devant de la scène dans un scandale impliquant une fille mineure. La famille de la chanteuse Dieynaba Baldé, 17 ans à l’époque, l’accuse d’avoir engrossée cette dernière et porte plainte contre lui. Il commence par rejeter les accusations avant de reconnaitre au gré des auditions les faits qui se seraient déroulés sans contrainte aucune selon lui. Mamadou Diop Iseg est inculpé pour « pédophilie, détournement de mineure et corruption de mineure ». Plus tard, une vidéo fuitée le montrant dans un appartement privé avec l’ex-petite chanteuse de Sen Petit Gallé l’enfonce. Il portera plainte pour collecte de données illicites et chantage.
Nadège, Bébé Basse…
Djibril Coulibaly, un sexagénaire bras droit du maire de la Médina, Bamba Fall, a été également filmé à son insu, à trois reprises dans son bureau en train d’entretenir des relations sexuelles avec des filles. La vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux. Une autre dame, employée dans une société d’assurances de Dakar, a vu ses propres photos compromettantes partagées entre de nombreuses mains. Mais là, c’est une veuve outrée qui avait balancé sur le Net les photos intimes de l’ex-maîtresse de son défunt mari qu’elle avait découvertes en fouillant l’ordinateur de ce dernier. Mame Diarra alias Nadège, ex-épouse du styliste Djily création, a subi le même sort. Pour Bébé Basse, la femme du chanteur Pape Diouf, c’est une de ses discussions privées, en pleine séance de médisance avec Tanje Tandian sur certains artistes, alors qu’elle croyait avoir raccroché le téléphone suite à une conversation avec une interlocutrice, qui s’est retrouvée sur la place publique.
Des marabouts contraints de garder le silence
Dans le lot des personnalités victimes d’enregistrements sonores ou filmés, figurent aussi des guides religieux. Cependant les éléments mettant en cause ces derniers ou leurs proches entourages sont souvent utilisés sous le manteau par le pouvoir pour les contraindre à avoir des positions complaisantes et conciliantes sur certaines de ses prises de décisions ou dérives.
avec le témoin