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La période allant de septembre à octobre sera cruciale pour les services de néonatologie. C’est l’heure de leur saturation. La révélation a été faite par un spécialiste. Elle fait froid au dos. A la vérité, le système souffre de déficit de couveuses.

Au-delà du déficit, il est urgent de faire focus sur la problématique de la néonatologie au Sénégal et surtout trouver une alternative pour combler le gap de couveuses dans les différentes structures de santé. 

Le tableau des couveuses dans la pédiatrie, Dalal jam, de l’Hôpital principal de Dakar, de celui de Diamniadio est alarmant. Il en est de même pour l’Hôpital Idrissa Pouye et l’Hôpital de Pikine.

La problématique est profonde. Un agent fait écho de la détresse que les diplômés d’étude spécialisée en néonatologie, les gynécologues et des pédiatres. « J’ai référé une maman avec un prématuré de 24 semaines mais j’étais abattu. Elle pleurait parce qu’avoir perdu cinq grossesses par faute de place », raconte l’agent de santé.

La prise en charge des prématurés est stressante et angoissante. Trouver une place dans un service spécialisé est plus qu’un casse-tête. Il arrive à certains de passer des heures à la recherche d’une place.

 « Ma sœur a accouché aujourd’hui d’un nouveau-né prématuré de sexe féminin qui pèse 1,8 kilo, les médecins ont demandé le transfert dans un service de néonatalogie puisqu’il est prématuré. Un médecin a appelé le Samu national depuis 16 heures pour avoir une place dans un service de néonatalogie. Mais jusqu’à 20h, on n’a pas de place. Le médecin du Samu National affirme avoir appelé tous les services de néonatalogie (hôpital Albert Royer, Abass Ndao, Roi Baudouin de Guédiawaye, hôpital Dalal jamm) mais qu’il n’y avait pas de couveuse disponible. C’est problématique la recherche de place pour les nouveau-nés surtout prématurés », confie un anonyme.

Le centre de santé Gaspard Camara, le plus fréquenté avec sa maternité bien cotée et son bloc opératoire est logé à la même enseigne. Il a deux couveuses alors que la courbe des prématurés est loin d’infléchir.

Selon le docteur Bouna Fall, c’est largement insuffisant par rapport à la demande. Les autorités sont informées de ce déficit de couveuse.

 A Dalal Jamm, un hôpital très fréquenté et disposant d’une grande maternité ne compte que 12 couveuses. Mais le Directeur général, Moussa Sam Daff, relativise et se suffit de sa douzaine de machines. « Contrairement à ce qui a été dit sur les réseaux sociaux, je tiens à préciser que l’hôpital de Dalal Diam dispose actuellement de 12 couveuses où les enfants sont pris en charge correctement au service de néonatalogie » dit-il. Mais est-il obligé de préciser que parfois, l’offre est largement inférieure à la demande. « Il y a des moments où il y a beaucoup d’accouchements et de transferts d’enfants provenant des postes de santé. C’est peut-être ça qui complique parfois les choses, car on ne commet jamais l’erreur de surcharger l’unité de néonatalogie ». Il insiste d’ailleurs : « Que les gens le comprennent ainsi, l’hôpital de Dalal Diam ne peut pas absorber tous les enfants qui ont besoin du service de néonatalogie. Il y a d’autres hôpitaux habilités et actuellement, le ministère de la Santé est en train d’équiper les centres de santé et quelques hôpitaux pour renforcer leurs plateaux médicaux ».

Néonatologie, prématurés, couveuses : que faut-il comprendre ?

Une néonatalogie n’est pas simplement composée de couveuses. Pourtant, à chaque fois qu’on en parle, l’opinion, dans sa majorité, fait focus sur cela. Il y a des tables chauffantes, des berceuses et des tunnels de photothérapie. Il en est de même pour les bébés nés prématurés. On a tendance à estimer qu’ils ont tous besoin de couveuses pour leur élevage. Tel n’est pas le cas. Il en existe parmi eux, qui n’éprouvent pas ce besoin, selon Simon Issa Faye, secrétaire général de l’association de puériculture. 

D’ailleurs, le spécialiste renseigne que la prématurité concerne les enfants nés entre la 22e semaine et la trente sixième plus six jours. On décompte dans l’échelle, les grands prématurés, les petits prématurés et les prématurés moyens. La prématurité est l’une des causes de mortalité chez les nouveau-nés au niveau mondial.

En général, ceux sont les premières cités qui ont besoin d’office de couveuse aux premières heures après leur naissance. Ils en ont plus besoin que les petits prématurés.  La couveuse sert à réchauffer les prématurés incapables de faire une autorégulation de la température. Quand il fait chaud l’organisme de l’adulte réagit de sorte à contenir la température normale, il en est de même quand il fait froid. La couveuse assure cette fonction de régulation. La couveuse aide le nouveau-né à ne pas basculer dans l’hypothermie.  Les prématurés ne peuvent pas faire cette autorégulation. Parmi ces derniers, certains n’ont même pas besoin d’être hospitalisés. La méthode kangourou avec leurs mamans peut être la solution. Ceci permet de réguler la température. 

Au-delà des couveuses, une ressource humaine qualifiée…

Même avec mille couveuses, on ne peut pas régler les problèmes des néonatalogies selon Simon Issa Faye. Il y a des structures qui peuvent disposer de matériels et ne pas avoir une ressource humaine qualifiée pour s’en servir. « Si on prend en compte, le ratio du personnel par rapport au nombre de naissance, c’est un agent pour huit bébés alors que la norme voudrait qu’un infirmier s’occupe d’un nouveau-né par jour. Le problème est d’ailleurs plus profond, tous les agents ne sont pas qualifiés ».

Quelle alternative face au déficit ?

Quand un bébé a besoin de couveuse et n’a en pas accès, les conséquences peuvent être néfastes. C’est d’abord l’hypoderme. Il y a d’autres faits comme les risques d’hémorragie hypoglycémie infectieux entre autres. Au final, le décès peut suivre, parce qu’il est difficile de gérer ces problèmes en ambulatoire.

Fort heureusement, il y a des alternatives au déficit de couveuses. Le spécialiste en puériculture rappelle qu’en Colombie à Bogota, la même problématique s’est posée en 1978 chez les médecins pédiatres. « Il y avait un surpeuplement de nouveau-nés avec un déficit de couveuse. Les docteurs Rey et Martines ont observé l’animal kangourou qui ne met jamais bas ses petits à terme mais elle ne les libère pas dans la nature. Le Kangourou les installé dans sa poche au niveau du ventre qui va les protéger et procurer de la chaleur à son nouveau-né. Ils ont adapté la situation chez les êtres humains ». Aujourd’hui, l’organisation mondiale de la santé a reconnu que c’est une méthode à la fois efficace et biologique.  Il y aura peut-être près d’un million de bébés sauvés par la méthode Kangourou. C’est une alternative réelle. ” On a fait mais ce n’est pas suffisant, les hôpitaux n’ont pas aménagé assez d’espace pour les soins maternels kangourou qui sont aussi efficaces que les autres. Quand on est dans un pays à revenu modéré, on doit avoir des alternatives pragmatiques et accessibles biologiquement reconnues. Les conditions doivent suivre parce qu’il faut des salles dédiées. Encore que cela ne nécessite pas beaucoup de moins et de personnel. Il faut juste un médecin pour coordonner et des spécialistes de puériculture », dit-il.

Ce que l’Etat doit faire…

Quoi qu’il en soit, il y a urgence d’agir. Les autorités sont interpellées au premier chef. Des couveuses sont mises hors circuit dans certains établissements à cause d’un défaut de maintenance.

« Les couveuses sont garées alors qu’il y a de petits problèmes, des magasins pleins de couveuses. Il faut revoir le problème de la maintenance, cela entre dans le cadre de la formation et la qualification », décrit le praticien. Certains proposent la mutualisation des moyens avec les cliniques privées où les parents déboursent 100.000 francs CFA pour une hospitalisation pouvant aller jusqu’à un mois.

 Des hôpitaux strictement mère-enfant

Au-delà de tout, il faut une bonne politique de santé néonatale.  C’est possible de lutter contre la mortalité. On doit avoir des hôpitaux spécialisés dans la prise en charge de la mère enfant avec un service dédié strictement aux prématurés avec du personnel qualifié. « Quel que soit le matériel qu’on aura, sans ressource humaine qualifiée, ça ne marchera pas. ».  

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