« Taux de glycémie élevé, début d’insuffisance rénale… Son état s’est encore aggravé hier nuit, le plongeant dans une léthargie profonde toute la journée du 22 août ». En voilà une description des partisans de Sonko sur l’état de santé du leader du Pastef. Ce message date du mercredi et Ousmane Sonko était à son 25ème jour de grève de la faim. Depuis lors, les nouvelles les plus alarmantes tombent les unes après les autres.
Le moment est peut-être venu de se pencher sérieusement sur son cas avant que l’irréparable ne se produise. Certes un tel moyen de lutte de la part de Sonko est à interroger. Pourquoi choisir de s’imposer la faim alors qu’on a besoin de se battre. Aminata Touré a certainement raison de rappeler à Ousmane Sonko que cette diète met sérieusement sa santé à risque et sa vie en danger. « Le plus difficile dans le combat contre l’Injustice, ce n’est pas de mourir mais de continuer à vivre afin de continuer à combattre ». Leçon de sagesse de la part de Mimi.
On peut bien se demander quel est le mérite de se donner la mort en refusant de s’alimenter. Un acte de courage, d’engagement, de patriotisme ? Pas si sûr ! L’argument selon lequel de grands hommes en ont usé ne suffit pas. L’erreur est humaine et même les grands hommes en ont commis. Et puis, quel grand œuvre espère-t-on laisser à la postérité en laissant mourir petit à petit par une grève de la faim. L’on ose espérer que ce n’est pas ça le fameux don de soi si cher aux pastéfiens.
Cependant, si Ousmane Sonko arrivait à mourir, il ne serait pas le seul responsable. Dans ce duel sans merci, Macky Sall devrait aussi éviter de se salir les mains à jamais. Quel gain politique immédiat ou ultérieur peut-il espérer à laisser mourir en prison son principal adversaire. Malgré toute l’adversité politique connue dans l’histoire du Sénégal, aucun chef d’Etat n’a laissé son principal opposant mourir en prison. Senghor n’a pas le sang de Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop ou Majmouth Diop dans ses mains, Diouf n’a pas laissé Wade mourir en prison, Wade non plus ne s’est pas débarrassé de Moustapha Niass ou Idrissa Seck. Macky Sall a donc intérêt à ne pas être le premier président sénégalais à voir son premier rival mourir en prison.
Ousmane Sonko est un homme têtu ! C’est peut être même un euphémisme, car même ses proches collaborateurs le confessent volontiers. De ce fait, une fois engagé dans une telle aventure, il peut être difficile de le raisonner. Le coup étant déjà parti, il ne renonce pas aussi facilement. Mais dans une telle circonstance, il faut des chœurs charitables et des esprits lucides pour lui tendre la perche pendant qu’il est temps. Certains membres de l’opposition et de la société civile l’ont bien compris et ont effectué des démarches, les religieux aussi. Mais le geste décisif viendra certainement du pouvoir, Macky Sall en particulier.
Depuis qu’il est en politique, l’homme a essayé de dissocier sa vie publique de sa vie privée. Si aujourd’hui il en arrive à exposer ses deux femmes à l’opinion ou que ces dernières s’exposent elles-mêmes pour demander l’intervention de la première dame Marième Faye Sall, c’est que certainement l’heure est grave.
Douter de cette grève de la faim, et qualifier Sonko de menteur ou de manipulateur comme l’a fait Madiambal Diagne est la meilleure posture pour aller vers l’irréparable. On continue à croire que le chef de l’Etat n’écoutera pas ces voix extrémistes qui, de toute façon, n’ont rien à perdre, parce que non responsables devant l’opinion. Ousmane Sonko est à l’hôpital principal, une structure publique de santé et non dans une clinique privée. Si son état de santé ne le justifiait pas, il n’y serait pas admis. Il urge donc plus que jamais de trouver une issue heureuse à cette grève de la faim, pendant qu’il est encore temps.