L’état d’urgence a été décrété en Haïti, après un week-end particulièrement violent dans la capitale Port-au-Prince et ses alentours selon les informations de RFI. Des gangs armés ont attaqué deux prisons. Des milliers de détenus se sont évadés ; au moins une dizaine de personnes sont mortes. Un couvre-feu est instauré pour reprendre le contrôle de la capitale Port-au-Prince. Cette situation doit durer au minimum 72 heures.
La spirale de violence se poursuit en Haïti. L’état d’urgence et un couvre-feu ont été annoncés après les violences de ce week-end sur toute l’étendue du département de l’ouest pour une période de 72 heures renouvelable. Le couvre-feu est instauré sur ce même territoire entre 18h et 5h locales lundi, mardi et mercredi, ainsi que dimanche de 20h locales à 5h du matin, indique un communiqué du gouvernement.
C’est le ministre de l’Économie et des Finances, Patrick Michel Boisvert, qui a signé le communiqué du gouvernement en l’absence du Premier ministre Ariel Henry, en déplacement au Kenya. Celui-ci indique que ces annonces interviennent suite à la dégradation sécuritaire dans le pays, notamment à Port-au-Prince, « caractérisée par des actes criminels de plus en plus violents perpétrés par les gangs armés », ainsi qu’en tenant compte de « l’évasion de prisonniers dangereux », actions mettant « en péril la sécurité nationale » selon le gouvernement.
Ce week-end en effet, une dizaine de personnes sont mortes et des milliers de détenus ont quitté la principale prison de la capitale, lors d’une opération imputée à des gangs armés.
Dans ce climat de violence, les services de soins essaient, tant bien que mal, de continuer à fonctionner. C’est le cas de l’hôpital de Tabarre, géré par l’organisation Médecins sans frontières, à Port-au-Prince. L’établissement accueille de plus en plus de blessés, ces derniers jours : « Tous les malades qui arrivent ont beaucoup de traumatismes psychologiques. On reçoit même dans nos hôpitaux des malades qui ne sont pas de notre plateau technique parce qu’ils n’ont pas d’endroit où aller. Et cette nuit, on a eu des femmes enceintes qui se sont présentées à l’hôpital et qui avaient besoin d’accoucher. Elles n’ont pas d’endroit où aller, alors elles se présentent chez nous », constate Mumuza Muhindo, chef de mission pour MSF en Haïti, responsable de l’hôpital de Tabarre.
« L’autre impact, ce sont les soucis par rapport aux médicaments. Les cargos sont bloqués au niveau du port. On ne peut pas y accéder. On espère que, rapidement, il y aura une accalmie qui nous permettrait d’accéder à ces médicaments, parce que sinon nous craignons une rupture, ce qui va perturber notre capacité à répondre aux soins gratuits de la population. Le nombre de bénéficiaires augmente de jour en jour », précise Mumuza Muhindo.