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L’appareil, affrété par Air Sénégal, a effectué une sortie de piste au moment de prendre les airs pour Bamako, au Mali, dans la nuit de mercredi à jeudi à l’AIBD. L’un des réacteurs a pris feu. Onze blessés ont été recensés. Cinq des plus de 70 passagers à bord du vol compromis ont raconté leur mésaventure à L’Observateur.
 

Mounirou Konaré, 68 ans, retraité malien
«L’avion a crashé, les pneus ont éclaté»

«Le vol a été annulé le mardi et les passagers ont dormi à l’aéroport. Le mercredi, Air Sénégal a pris un vol Transair pour nous amener à Bamako. Le pilote a tenté de décoller sans succès et l’avion s’est brutalement remis au sol. Le commandant de bard nous a dit qu’une lampe voyant s’est allumée. Il a tourné en rond pendant 15 minutes. Ensuite, il a voulu forcer pour prendre l’envol. On a senti un bruit comme s’il tirait lui-même l’avion. A peine sur 30 ou 40 mètres, l’avion a crashé. Les pneus ont éclaté et l’aile gauche a pris feu. Puisque l’avion était à une certaine vitesse, il ne pouvait plus s’arrêter. On est sorti complément de la piste pour se retrouver dans la brousse. On s’est débrouillés en criant pour sortir de l’appareil. Il y a 11 personnes, dont des femmes, qui sont blessées. Certains ont eu des fractures. Le pilote lui-même a eu le pied cassé. C’était la panique et la peur dans l’obscurité. Parce qu’un avion rempli de kérosène peut exploser. Dieu merci, les sapeurs-pompiers, arrivés 10 minutes après, ont pu circonscrire le feu. Je me suis sauvé par une porte de secours. Je suis monté sur l’aile et j’ai sauté. D’autres qui ont sauté sans le toboggan ont eu les pieds fracturés. Une femme était obligée d’attacher son enfant de moins d’un an à sa poitrine. Des vieilles personnes ont sauté. C’était le sauve-qui-peut dans l’obscurité.»

Daouda Cissokho, 69 ans, chef d’entreprise malien
«On a échappé à la mort»

«Je suis venu au Sénégal pour un traitement médical à Thiès. Cet accident a fait que je ne pense plus à ma maladie. On a échappé à la mort. A mon avis, le pilote savait que l’avion n’était pas en bon état. Parce qu’il avait fait un premier essai de décollage. Ça n’a pas marché. Il nous a rassurés comme quoi c’était un petit problème technique. C’est lors du deuxième décollage que l’avion est tombé. Il a déraillé complément de la piste. Et on s’est retrouvé dans la brousse. Moi je pense qu’il pouvait éviter cet accident après le premier essai. Il ne devait pas forcer !»

Aïssata Wane, 50 ans, femme d’affaires sénégalaise
«Ce qui m’a choquée…»

«Je suis sénégalaise. Mon époux est malien. Donc, je suis venu au Sénégal pour voir mes parents. Depuis mardi, Air Sénégal me fait poiroter entre annulation et report de vol pour Bamako. La dernière date c’était mercredi à 22 heures. Ils ont encore reporté à 00 heure. Ils ne nous avaient pas dit qu’on allait embarquer à bord d’un vol Transair, Sinon, on allait refuser. C’est après des heures de retard qu’ils sont venus nous dire que c’est Transair qui allait vous ramener. Le vol doit venir de la Casamance. Comme on était trop fatigué, on a embarqué. Après le premier décollage raté, le commandant de bord nous a rassurés, disant qu’il a vu un petit voyant: Il a préféré freiner pour réessayer. Lors du second décollage, l’avion a pris feu et s’est légèrement incliné vers la gauche. Ce qui m’a choqué, quand l’avion a crashé, le pilote avait perdu le contrôle et on s’est retrouvé dans la brousse. Un monsieur a ouvert une sortie de secours. Il a forcé et il a eu une petite ouverture. C’est par là qu’on est passé. Je me suis faufilée. J’ai marché sur l’aile. J’ai sauté et j’ai tracé ma route. J’ai entendu une explosion avant le feu Quand j’ai sauté, trois personnes m’ont suivie. D’autres passagers sont sortis avec le toboggan.»

A. N. D, 36 ans, agent commercial sénégalais
«Ça criait dans tous les sens»

«Une fois que tous les passagers ont embarqué dans l’avion, nous sommes restés presque une quarantaine de minutes. Parce qu’apparemment, il manquait des passagers à l’appel. Effectivement, lors de la première tentative de décollage, il y’a eu un premier freinage brusque. Le commandant nous a signalé qu’un voyant s’était allumé, mais tout est rentré dans l’ordre. Il fera une autre tentative. Déjà au bout de la piste avant de se lancer, l’avion s’est arrêté durant plusieurs secondes et s’est lancé. L’avion était en pleine course. On a carrément senti que l’avion commençait à prendre l’altitude. Ensuite, il est tombé sur ses pieds. Malheureusement on était au bout de la piste. Il y avait panique à bord. Ça criait dans tous les sens. Heureusement, tout le monde avait sa ceinture de sécurité. Je voyais à travers le hublot des étincelles. Il y avait effectivement le feu qui commençait à se propager. Dieu merci l’avion s’est mobilisé. Donc rapidement, on a demandé d’ouvrir rapidement les issues de secours. C’est par là que certains qui étaient à l’arrière ont pu descendre. Nous qui étions sur l’aile droite on a pu sauter. Certains se sont cassé les pieds.»

Ibrahima Diallo, 19 ans, footballeur malien
«C’est la faute du pilote»
«Je suis malien. Je suis footballeur. J’étais à FC Diambars, avant de rejoindre l’académie de Sacré Cœur. Mais, je suis en discussion avec un club espagnol. J’ai estimé nécessaire de passer deux semaines avec la famille à Bamako avant de me rendre en Espagne. Ce qui s’est passé avec le vol, je pense que le bon Dieu nous a sauvés. Quand l’avion a crashé. Je ne sais même pas comment je me suis échappé. Mais tout ça c’est la faute du pilote. Parce qu’il a fait une première tentative qu’il n’a pas réussie. Il a dit qu’on va retourner pour prendre un nouveau départ. Nous ne sommes pas dans une voiture. Si ça ne marche pas, il faut le signaler. Il a joué avec nos vies, en disant on va essayer.

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