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Pour la première fois, la Chine reçoit ce jeudi et vendredi les dirigeants des cinq capitales d’Asie centrale à Xi’an, l’ancienne capitale impériale au centre du pays qui était aussi le point de départ des caravanes des routes de la soie.

Les remparts de Xi’an ont vu passer de nombreux chefs d’États étrangers, mais rarement cinq à la fois. Partout en ville, des panneaux lumineux en mandarin et en caractères cyrilliques rappellent l’importance de l’enjeu. Au centre-ville, les murs des empereurs Mings, habitués aux touristes, brillent de mille feux.

En périphérie, près des grands hôtels qui accueillent les délégations, une importante présence policière : hélicoptère et policiers en tenues et en civils à chaque carrefour.

En matière de sécurité, rien n’a été laissé au hasard, confie cet agent de sécurité. « Tous les résidents dans la zone près de l’hôtel des dirigeants ont été relogés provisoirement pendant la durée du sommet.

Il n’y a plus que la police armée là-bas, raconte-t-il. Depuis le 20 avril, les drones civils n’ont plus le droit de voler. Une partie des arbres viennent d’être plantés. Ils ont aussi repavé certaine partie de la chaussée. »

Certaines routes et péages donnant accès aux voies express menant au sud de la ville sont filtrés depuis mercredi soir, ce qui a créé des bouchons dans le sud de la ville. La surveillance a également été renforcée dans les campus.

« Dans ma faculté, une exposition de dessins et de photos est apparue il y a quelques jours, explique un enseignant. Il s’agit d’inciter à la prudence pour ne pas révéler des choses confidentielles si par exemple quelqu’un qui ne vient pas de l’endroit ou qui ne vient pas du pays vous aborde sur un site touristique. »

Départ des routes de la soie
Xi’an fait peau neuve tout en mettant en valeur ses reliques et ses atouts historiques. Ce n’est pas par hasard si la capitale de la province du Shaanxi a été choisie. C’est d’ici que s’élançaient les caravanes de la soie autrefois.

« Pendant longtemps, Rome, en Italie, a été la capitale occidentale du monde, et Chang’an, aujourd’hui Xi’an, la capitale orientale du monde », rappelle l’historien Gao Jianqun dans les colonnes du quotidien Huanqiu Shibao.

Les routes de la soie, parmi les plus anciennes routes commerciales au monde, ont été relancées par le président chinois Xi Jinping depuis le Kazakhstan en 2013, qui y est retourné pour son premier voyage à l’étranger post-Covid en 2022.

Les ex-républiques soviétiques d’Asie centrales sont signataires et premiers partenaires du projet « Belt and Road » (Ceintures et routes), souligne Ye Niuping, vice-gouverneur de la province du Shaanxi.

« Depuis le début de l’année, les exportations de véhicules électriques et de panneaux solaires n’ont cessé d’augmenter. De nombreux représentants des départements du commerce, du monde des affaires ou de la diplomatie d’Asie centrale sont venus à Xi’an récemment, souligne-t-il.

L’une des choses qui revient le plus dans les conversations, c’est la demande faite aux fabricants de véhicules propres et du photovoltaïque de la province, d’aller implanter des usines dans les pays des routes de la soie. »

Développement des partenariats commerciaux, agricoles et industriels, le sommet de Xi’an sera aussi l’occasion de raviver les échanges universitaires éteints pendant la pandémie. Plus de 1 000 étudiants venus d’Asie centrale sont formés chaque année à Xi’an et dans la province du Shaanxi.

La Chine à la manœuvre en Asie centrale pour combler le vide russe
L’Asie centrale est une zone stratégique pour Pékin qui entend étendre son influence et combler un vide laissé par la Russie, affaiblie par les sanctions liées à la guerre en Ukraine.

Depuis les indépendances des anciennes républiques soviétiques, Pékin a beaucoup investi dans la région. Les prêts chinois représentent une part significative de la dette de l’Asie centrale.

C’est également un partenaire commercial important. L’an dernier, les échanges avec ces pays ont dépassé les 70 milliards de dollars. Ils ont augmenté de 22% au premier trimestre 2023.

La Chine importe notamment du gaz du Turkménistan et du pétrole kazakh. Ces deux pays ont un accès sur la mer Caspienne, ce qui représente un intérêt stratégique, pour les nouvelles « routes de la soie », voulues par Pékin.

Côté infrastructures, plusieurs projets qui profiteraient notamment à Pékin, au détriment de la Russie, sont dans les tuyaux. Comme la ligne ferroviaire Chine-Kirghizstan-Ouzbékistan d’un coût de six milliards de dollars. Ou bien encore l’extension de l’oléoduc, entre l’Asie centrale et la Chine.

D’autres projets sont à l’étude dans les secteurs pharmaceutique et agricole.

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