Dans un article consacré à l’inceste, dans son édition de ce mardi, L’Observateur a recueilli les témoignages de trois victimes dont les noms ont été changés. Nous vous proposons ci-dessous celui de «Mounass», étudiante à l’UGB.
«Quand ma mère m’a annoncé qu’elle avait une annonce douloureuse à me faire, j’ai senti le sol se dérober sous mes pieds. D’un trait, sans lever son regard du sol, elle m’a considéré que celui que j’ai longtemps considéré comme mon père, ne l’était pas. Et que mon véritable père était en fait mon oncle maternel, le grand-frère de ma mère.
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«(…) Ma mère s’est mariée jeune et j’ai grandi auprès d’un homme qui a toujours joué le rôle de père pour moi. Ma mère a été violée par son propre frère alors qu’ils étaient ados. Quand elle a commencé à montrer les premiers signes de grossesses, mon oncle D… a fui. Et depuis, aucune nouvelle. Sommée de s’expliquer, ma mère a raconté ce qui s’est passé. Au début, personne ne l’a cru, mais comme mon oncle ne réapparaissait pas, la famille a dû se faire à la réalité et l’affaire a été étouffée.
«Après qu’elle a accouché, elle a été donnée en mariage à un ami de la famille. Cet homme s’est toujours fait passer pour mon père. Il n’a ménagé aucun effort pour mon éducation. Même si je ne comprenais pas trop ce qui s’était passé, je me sentais comme souillée. Je ne me sentais pas à ma place. J’ai passé pratiquement toute mon enfance seule. Personne ne voulait jouer avec moi. C’est comme si c’était ma faute.
«Parfois, j’ai l’impression que ma mère m’en veut. Et que si cela ne dépendait que d’elle, je ne serais pas née. Cette découverte m’a brisée. Je n’ai jamais essayé de retrouver mon père. Et pour oublier, nous avons détruit, ma mère et moi, tout ce qui nous le rappelait. Je continue de chérir mon beau-père comme un vrai père. Ensemble, on apprend à nous reconstruire.»