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Malgré tous les efforts et engagements des pouvoirs publics qui sont allés même jusqu’à augmenter de 10 milliards le budget alloué à la campagne agricole 2022-2023, celle-ci risque encore de connaître moult désagréments aux yeux de beaucoup de producteurs. Pour cause, la mise en place des semences et intrants agricoles qui avance de manière timide, les couacs de la distribution avec la mévente de certains stocks d’engrais, la cherté du dit fertilisant des sols entre autres contribuent de manière sensible à hypothéquer la campagne de cette année. Suffisant pour pousser certains acteurs du monde rural à réclamer le retour des ICS dans le giron national.

DIOURBEL / RETARD DANS LA MISE EN PLACE DES ENGRAIS

Une mévente des stocks souvent notée

La mise en place des engrais accuse souvent du retard dans le monde rural. Les stocks d’engrais ne sont pas épuisés car il y a toujours des réserves d’engrais invendues.

Les producteurs agricoles ont du mal à trouver de l’engrais à temps. Conséquence : l’essentiel des stocks arrivés n’étaient pas totalement vendus aux producteurs agricoles. Pour Ibrahima Diouf Bagnakhé,  le Président du syndicat Jappando de Diourbel, les opérateurs qui sont chargés de mettre à la disposition les stocks d’engrais n’ont pas souvent une grande assise financière  pour pouvoir satisfaire leur  commande. C’est ce qui explique souvent les retards notés dans la mise en place des engrais. Pour inverser la tendance, il faut que ces intrants agricoles soient disponibles à temps, explique-t-il. L’autre équation, c’est le manque de moyens financiers pour l’achat de l’engrais subventionné par l’Etat par les producteurs agricoles. « Cette période coïncide avec celle des vaches maigres. Ainsi, on assiste à une mévente de l’engrais. Les opérateurs privés qui ne trouvent d’acquéreurs sont obligés de revendre le reste des stocks aux commerçants. Ce qui constitue une perte pour l’Etat mais aussi pour  les producteurs agricoles ».

Le Directeur  régional du développement rural de Diourbel, Pierre Diouf, soutient pour sa part  qu’on ne peut pas parler de manque d’engrais. « La distribution de l’engrais s’est terminée depuis l’année dernière. En ce qui concerne l’engrais 6 20 10 arachide, le quota  de la région a été reçu à 75% de la prévision, soit 2069 tonnes dont 96% de ce quota a été vendu,  soit 1980 tonnes vendues. En ce qui concerne l’engrais Mil, on a reçu 978 tonnes soit 71% du quota dont 71% sont vendus, soit 659 tonnes d’engrais mil. En ce qui concerne le triple l’engrais mil, 7311 tonnes ont été reçues, 728 sont vendues, soit 100% ». Et le Directeur  régional du développement rural de Diourbel qui se prononçait la semaine dernière de poursuivre : « Pour l’urée, 915 tonnes ont été reçues et vendues  soit 100%. S’il y a mévente, on ne peut pas parler de stocks indisponibles. Tous les prix aux producteurs agricoles ont été reconduits par cette présente campagne agricole 2022 2023 ». Toutefois, le sac d’engrais subventionné va connaître une légère hausse à cause de la crise mondiale.

ADAMA NDIAYE 

KAOLACK/ MISE EN PLACE DES SEMENCES ET INTRANTS AGRICOLES

Les producteurs toujours dans l’impasse

Souvent attendue à pareils moments de l’année par la plupart des producteurs du pays, la campagne de mise en place des semences et intrants agricoles avance de manière timide dans la région de Kaolack et le centre du pays en général.  Malgré les efforts fournis çà et là au niveau des Directions régionales de Développement rural (Drdr), en termes de distribution des attestations d’homologation suite à la mise en stocks déjà effectuée par les opérateurs et la délivrance progressive des notifications qui se poursuit encore tout au long de ces derniers jours. Ce qui, du coup, a permis la collecte de 114.000 tonnes d’arachide au niveau national.

Les producteurs, leurs organisations respectives et autres coopératives sont encore dans l’impasse. Autrement dit, ils s’inquiètent de plus en plus de la longue attente qu’ils sont en train d’observer pour rentrer en possession de ces produits. Même si dans la plupart des régions centre, les commissions de distribution sont déjà installées et les opérateurs en charge de l’acheminement des produits vers les paysans tous homologués, les  semences qui doivent servir à cette prochaine campagne agricole ne sont pas parvenues.

Et partout dans le monde rural, beaucoup de questions sont posées. D’abord pour la qualité des graines, et ensuite le temps imparti aux bénéficiaires pour les décortiquer et pouvoir s’en servir. Une situation qui, du coup, agace pour autant les opérateurs qui veulent eux aussi démarrer sans retard leurs activités avant la date-butoir de démarrage des opérations fixée le 25 Mai prochain. Sauf que, du côté des opérateurs, on continue encore à réclamer le paiement de la dette des dernières créances contractées lors de la précédente saison dans la commercialisation arachidière cumulée aux opérations de distribution des semences et intrants, édition 2021/2022.

Pour les opérateurs, la vraie question à laquelle l’Etat doit d’urgence apporter une réponse plausible repose en effet sur le marché des intrants. Cette année, compte tenu de certains facteurs liés au Covid et la guerre en Ukraine, le prix accordé aux intrants connaît une flambée qui n’a jamais été connue des producteurs sénégalais. Selon le président régional des organismes privés et stockeurs du Sénégalais El Hadji Bou Goumbala, « cette cherté du prix de l’engrais a aujourd’hui poussé l’Etat à réduire les 150.000 tonnes qu’il avait prévues de mettre à la disposition des producteurs à 115.000 tonnes. L’urée qui coûtait 319.000 Frs la tonne revient aujourd’hui à l’Etat à 750.000 frs. Si c’est à l’étranger, le prix revient à 680.000 voire 700.000 Frs la tonne, soit le triple du prix fixé pendant ces dernières années ».

Le président régional des Ops poursuit par ailleurs :  » quant aux différents types d’engrais (6/20/10, 15/10/10, 15/15/15, 10/10/20,), ce qui s’achetait sur le marché au prix de 175.000 Frs et qui concerne l’arachide est vendu aujourd’hui à 295.000 Frs », nous informe-t-il. Le président El Hadji Bou Goumbala, face à cette flambée difficile à maitriser, exhorte toutefois l’Etat à reprendre la gestion de l’usine des Industries Chimiques du Sénégal (Ics) ou, à défaut, reprendre son contrôle. Comme c’est d’ailleurs le cas avec la Sonacos. Surtout éviter de favoriser certains pays voisins au détriment des producteurs sénégalais. Et, conclut-il, « savoir avant tout que les Ics constituent un patrimoine national, une souveraineté qui fonde essentiellement le développement de la politique agricole du pays qu’on doit jalousement garder ».

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